Ils parlent de nous

Avec la “funeral planner”, une organisation aux petits oignons

Merci au Courrier du Pays de Retz pour cet article qui présente mon activité d’accompagnatrice funéraire et la philosophie de Hela Sérénité : offrir écoute, sérénité et humanité dans les moments les plus délicats.

ENTRETIEN.
Installée depuis un an à Saint-Brevin-les-Pins, Mylène Chauvel est accompagnatrice funéraire, une profession encore rare en France.
Son job : tout gérer, de A à Z, après un décès.

Qu’est-ce qui distingue vos prestations de celles d’une entreprise de pompes funèbres ?

On est dans la complémentarité de services. Ce que j’apporte en plus, c’est tout ce que les pompes funèbres ne font pas. On est vraiment sur des aspects pratico-pratiques, logistiques. L’idée, c’est de venir décharger la charge mentale des personnes. Déjà rien que sur la 1ère étape : je viens de de perdre un proche et je dois choisir une entreprise de pompes funèbres et je ne sais pas où aller, ni quoi faire. 

Je peux déjà les accompagner dans leur choix. Ce sont souvent des personnes très vulnérables à ce moment là, qui se retrouvent face à un marché commercial. Avoir une tierce personne qui sait de quoi on parle, quelles sont les prestations obligatoires, celles qui ne le sont pas, qui est capable de vérifier que le devis est vraiment conforme aux attentes, ça peut soulage d’un point de vue économique et ça rassure.

Pour la préparation de la cérémonie c’est pareil. Les pompes funèbres sont là pour vous accompagner mais elles ne vont pas vous aider à rédiger un texte d’hommage. Ou en tout cas, il y’en a très peu et ce n’est pas leur rôle premier qui est d’organiser les obsèques dans leur globalité. Moi, je viens en soutien.

« Des étapes où c’est compliqué pour les gens émotionnellement »

La boîte à photos qu’on a trouvée chez mamie et qu’on voudrait diffuser, il va falloir les scanner. Je peux le faire. 

Il faut aller chez le fleuriste pour commander les fleurs. Je peux vous accompagner, si vous ne vous sentez pas de le faire. 

Ou aller faire les courses parce qu’on doit faire un pot à l’issue de la cérémonie. Sur toutes les démarches administratives, je suis également présente physiquement. 

On va les faire ensemble jusqu’à même trier les affaires. Il faut comprendre que ce sont des étapes où c’est compliqué pour les gens émotionnellement.

Est-ce que les tendances évoluent ?

Une nouvelle attente des familles est la personnalisation. Avant, on était plutôt dans la tradition et se laissent porter. Aujourd’hui, les gens souhaitent que la cérémonie ressemble au défunt. Ils ont besoin d’avoir quelque chose qui ressemble à la personne et ne pas faire comme tout le monde.

Moi, j’ai plusieurs familles qui m’ont posé des questions sur l’obligation du capiton (doublure du cercueil). Bien évidemment, ce n’est pas obligatoire, ce que bon nombre de confrères oublient de préciser. J’ai l’exemple en tête d’une petite mamie qui adorait son plaid. Sa famille m’a demandé si elle pouvait l’avoir jsuqu’au bout, que ce soit ça qui la recouvre.

Avant, les gens osaient moins demander. Aujourd’hui, c’est devenu presque banal, mais écrire sur les cercueil, ça se fait vraiment de plus en plus. 

Avec les réseaux sociaux, on s’est rendu compte que le champ des possibles était presque infiini, du moment que ça reste dans la légalité. 

Je travaille avec une graphiste qui créé des illustrations en hommage à la personne décédée. Elles peuvent être affichées en grand format ou même peintes sur le cercueil. Parfois, on peut la retrouver encadrée au sein des foyers. C’est un peu le dernier lien qui subsiste avec la personne.

La mort est-elle toujours tabou ?

Oui ça reste tabou. Après est-ce que c’est le bon mot ? Je parlerais plutôt de déni qui est l’inverse d’un sujet tabou où on est souvent dans la méconnaissance. Là, les gens ont tous conscicen de la finitude, qu’il y’a pas le choix. Mais malgré cette conscience universelle, on évite le sujet, on l’évince, on fait en sorte de ne pas en parler, avec l’idée fausse que ne pas l’évoquer fera en sorte que cela n’arrivera jamais. 

Cette difficulté concerne à la fois sa propre mort et celle des proches. Par exemple, dans les relations parents-enfants lorsque les parents sont âgés, on se « voile la face » et on ose pas aborder le sujet, même si les personnes concernées ont besoin et envie d’avoir des réponses.

On ne sait pas comment l’aborder de peur de blesser la personne. malgré tout, je vois quand même une évolution dans le bon sens.

Le succès des initiatives comme les « apéros de la mort » montre une demande et un intérêt grandissant, qu’il ne s’agit pas de quelque chose que les gens veulent absolument garder caché.

Vous organisez régulièrement ces apéros de la mort. En quoi ça consiste ?

L’idée est d’associer le sujet de la mort, en réhabilitant le mot « mort », que l’on évite souvent lui préférant « décédé » ou « parti », à un moment convivial tel que l’apéro. L’idée de ces rendez-vous, c’est vraiment de permettre aux gens de pouvoir parler de la mort sous toutes ses formes. 

Il n’y a pas un apéro de la mort qui est pareil. Les gens vont faire les thématiques, les échanges en fonction de ce qu’ils sont venus chercher. On va trouver des personnes qui viennent prendre des infos, qui veulent par exemple anticiper leurs obsèques et qui ne savent pas comment faire, par où commencer. On va avoir des gens qui se posent des questions sur la mort ou même des jeunes qui se disent « bah moi, je ne peux pas en parler chez moi, je sens bien que c’est un sujet tabou, mais j’ai besoin d’en parler »

« On rit autant qu’on pleure »

On entend des histoires de vies différentes et les échanges sont très riches. On en ressort souvent satisfait de se dire qu’on à parlé de ce sujet, sans géner personne, avec inconnus et ça s’est bien passé parce qu’on était dans un cadre de bienveillance et de respect. 

On rit autant qu’on pleure, car il y’a des témoignages qui sont parfois très poignants.

Propos recueillis par Simon Mauviel, parution du 31/10/2025

Pour en savoir plus sur les apéros de la morthttps://www.happyend.life/nos-evenements/